Dans les bois éternels...
Je viens de finir le dernier livre de Fred Vargas : "Dans les bois éternels". Quel régal ! Un de ses meilleurs à mon goût.
On y retrouve le commissaire Adamsberg aux prises avec une Ombre insaisissable bouleversant son univers si personnel. Toujours accompagné du fidèle Danglard, l'érudit de la Brigade, ici déstabilisé par le nouveau venu, Veyrenc, celui qui range son angoisse en vers de douze pieds.
Dans ce dernier livre, Camille est toujours là, mais seulement en filigrane, pour mieux nous laisser apprécier la part belle faite à tous les autres personnages uniques & si attachants, gravitant à la lisière de la conscience du commissaire & s'y forçant régulièrement un chemin : Violette (la "convertisseuse" d'énergie), Estalère (le rêveur attentionné), Mercadet (le génie hypersomniaque), La Boule (le chat "concentrateur" d'espoir)...
Le style d'écriture de Vargas est toujours aussi libre & particulier, savoureux débordement de l'imaginaire de l'auteure.
Des phrases & des mots utilisés sans tenir compte des règles & usages de la pensée classique.
On savoure chacun de ses mots posés ensemble & qui ne devraient pas vraiment l'être, on y goûte avec une grande délectation en se demandant pourquoi avoir attendu si longtemps pour les faire siens.
Vargas nous entraîne encore dans une aventure aux méandres singuliers, emplie de poésie, d'humour, de rebondissements, de cynisme & d'effroi, qui touche droit au coeur.
Ce livre se lit tranquillement, sans heurt, pour mieux s'imprégner de l'atmosphère troublante & presque déstabilisante de cette histoire, si différente & pourtant bien proche de notre propre réalité.
L'auteure réussit, une fois de plus,le tour de force de transformer en mots des intuitions, des ressentis & des émotions sans que l'on s'ennuie une seule seconde.
Fred Vargas, n'ayant plus ses preuves à faire, & qui pourtant n'oublie jamais d'emmener ses lecteurs au plus haut de son art... & c'est cela la vraie générosité.
A très bientôt Commissaire...
Exquis Extraits :
"Un jour, il comprendrait peut-être par quels pores de sa peau le sommeil lui sortait des doigts."
"Le fleuve de Paris, si puant soit-il certains jours, était son refuge flottant, le lieu où il pouvait le mieux laisser filer ses pensées. Il les libérait comme on lâche un vol d'oiseaux, et elles s'éparpillaient dans le ciel, jouaient en se laissant soulever par le vent, inconscientes et écervelées."
"La nuée de ses pensées rejoignait brusquement la volière."
"Économiser l'énergie grain par grain pour la lancer tout entière dans une seule mission, pulvérisant tous les obstacles sur son passage."
Extraits : "Dans les bois éternels" de Fred Vargas - Éditions Viviane Hamy 2006
Il n'y a pas de hasard : Je découvre il y a 5 mn une bande annonce sur France 2 présentant l'adaptation de l'avant dernier roman de Fred Vargas : "Sous les vents de Neptune". Il s'agira d'un fiction de 2x90 mn réalisée par Josée Dayan avec Jean-Hugues Anglade, Jeanne Moreau, Jacques Spiesser, Hélène Fillières, Myriam Boyer. Pas encore de date de diffusion.